Franciszek Leja (Warszawa), Sur la frontière du domaine de convergence des séries entières doubles

1. Le but de cette communication est d’indiquer une certaine propriété des points de divergence d’une série entière double

μ,ν=0a μνxμyν, (1)

concernant la répartition de ces points sur la frontière du domaine de la convergence absolue des séries (1). Tout d’abord je vais démontrer uu théorème concernant les séries simples

μ=0a μνxμ,ν = 0,1,2,

formées par les différentes lignes de la série (1) et ensuite je donne une application de ce théorème pour le but indiqué.

2. Appelons ensemble d’unicité chaque ensemble (E) des points du plan complexe tels que, si deux séries entières simples aνxν et bνxν convergent et prennent les mêmes valeurs en chaque point de (E); ces séries sont toujours identiques.

Théorème. Si une série entière double (1) converge (Au sens de M. Pringsheim, v. Pringsheim: Vorles. üb. Zahlenlehre, Leipzig 1916.) aux points (x0,y), où x0 est fixe et y parcourt un ensemble d’unicité (E), toutes les lignes de cette série

μ=0a μνx0μ,ν = 0,1,2,

convergent au point x0. (On sait, qu’une série double peut converger sans qu’une seule ligne de cette série soit convergente.)

Démonstration: Sans nuire à la généralité on peut supposer que x0 = 1. Posons

i=0μa ij = σμ(j)

et

sμν(y) = i=0μ j=0νa ijyj = σμ(0) + σ μ(1)y + + σ μ(ν)yν (2)

et supposons que la suite double (2) des sommes partielles de la série (1) converge

sμν(y) s(y) (3)

pour μ et ν dans un ensemble d’unicité (E) des y.

Je dis d’abord que chacune des suites simples

σ0(j),σ 1(j),,σ μ(j),;j = 0,1,2, (4)

est bornée. Eu effet, étant

sμν(y) sμ,ν1(y) = σμ(ν)yν 0

pour μ et ν et pour chaque y appartenant à (E) on voit que, y étant fixé, il existe un indice p tel qu’on a

|σμ(ν)yν| < 1,pour ν > p et μ > p,

donc toutes les suites (4) pour lesquelles j > p sont bornées.

Soient y0,y1,,yp, p + 1 points de (E) différents entre eux (L’ensemble (E) est, comme on sait, toujours infini.). D’après (2) et (3) il existe un indice q p tel qu’on a

|σμ(0) + σ μ(1)y + + σ μ(ν)yν s(y)| < 1,

pour μ et ν q et pour chaque y = y0,y1,,yr. Il s’en suit que la suite

σμ(0) + σ μ(1)y + + σ μ(p)yp,μ = 0,1,2,

est bornée pour y = y0,y1,,yp et, par conséquent, les suites

σμ(0),σ μ(1),,σ μ(p);μ = 0,1,2,

sont bornées.

Supposons maintenant que les suites (4) ne soient pas convergentes et que, en particulier, on ait

σpk(0) a 0etσqk(0) b 0a0

pour k , où p1,p2, et q1,q2, désignent deux suites croissantes des nombres naturels. Posons

σpk(j) = σ k0(j)etσ qk(j) = s k0(j);k,j = 0,1,2,

La suite simple σk0(j), k = 0,1,, étant bornée quel que soit j, on peut tirer de la suite σk0(1) k = 0,1,, une suite partielle, que je désignerai par σk1(j) convergente vers une limite a1; désignons par σk1(j), k = 0,1,, la suite partielle de σk0(j), k = 0,1,, correspondante à σk1(1) et tirons maintenant de la suite σk1(2) une suite partielle, qui sera désignée par σk2(2), convergente vers une limite a2 et ainsi de suite.

On a ainsi construit pour chaque j une suite des suites simples suivantes

σ00(j),σ 10(j),,σ k0(j) σ01(j),σ 11(j),,σ k1(j)

dont chacune est partielle par rapport à la suite précédente et dont celle qui se trouve dans la (j + l)-me ligne converge vers aj. Il s’ensuit que la suite diagonale σkk(j), k = 0,1,2, converge, elle aussi, vers aj

σkk(j) k a

pour tous les j = 0,1,2,

Pareillement, on peut tirer de la suite simple σqk, k = 0,1,2,, une suite partielle, que je désignerai par skk(j), k = 0,1,2,, convergente pour chaque j = 0,1,2, vers une limite bj

skk(j) k b j

dont b0 est spécifié plus haut et diffère de a0.

Cela posé, je dis que les deux séries entières simples

a0 + a1y + a2y2 + b0 + b1y + b2y2 + (5)

convergent et qu’elles prennent les mêmes valeurs en chaque point de l’ensemble (E). En effet, les deux suites simples σkk(j), k = 0,1,2, et skk(j), k = 0,1,2, étant partielles par rapport à la suite σμ(j), (μ = 0,1,2,, posons

σkk(j) = σ αk(j)ets kk(j) = σ βk(j);k,j = 0,1,2,

Les nombres naturels αk et βk croissent avec k vers l’infini et, lorsque k et ν , on a, d’après (3)

sαkν = σαk(0) + σ αk(1)y + + σ αk(ν)yν s(y) sβkν = σβk(0) + σ βk(1)y + + σ βk(ν)yν s(y)

pour chaque valeur de y appartenant à l’ensemble (E); mais, comme pour k

σαk(j) a j,σβk(j) b j,j = 0,1,2,,

il s’ensuit que

ajyj = bjyj

en chaque point de (E), donc, (E) étant un ensemble d’unicité, les séries (5) doivent être identiques et, par suite, on a a0 = b0. Le théoreme est donc démontré.

3. Désignons par (F) la frontière du domaine de la convergence absolue de la série double (1). Cette frontière peut, comme on sait (V. F. Hartogs: Dissert. München 1904, ou Math. Ann. t. 62, 1906.
F. Leja: Séries ent. doubles et multiples, Prace mat. fiz. t. 33, 1925.), être représentée par deux équations de la forme

|y| = φ(|x|),0 |x| R (6) |x| = R.0 |y| < φ(R) (7)

ou, dans certains cas, par l’une d’elles seulement (L’équation (7) doit disparaître si φ(R) = 0 ou si R = ; au contraire, l’équation (6) doit disparaître si φ(R) = . La fonction non negative φ(t) est toujours non croissante et continue.), ces équations ayant la signification suivante: Si un point (x0y0) satisfait à une de ces équations, c’est-à-dire s’il est situé sur la frontière (F), la série (1) converge absolument en chaque point (x,y) pour lequel |x| < |x0| et |y| < |y0| et, en même temps, elle diverge absolument en chaque point (x,y) pour lequel |x| > |x0| et |y| > |y0|.

Posons

F = C + D

C désigne l’ensemble des points de convergence (absolue ou non) de la série (1) situés sur F et D désigne l’ensemble des points de divergence. La structure de ces deux ensembles n’est pas encore connue et le théorème démontré plus haut permet d’éclaircir un certain détail de ce problème difficile.

Remarquons que, dans le cas des séries entières simples dans lequel F représente une circonférence, les ensembles C et D peuvent contenir des points isolés dans l’ensemble F (Le problème de la structure des ensembles C et D dans le cas des séries simples n’est pas encore élucidé complètement. On sait seulement que l’ensemble C doit être uu Fσδ [v. W. Sierpiński: Fundamenta Math. t. II, 1921 p. 41].). Or, le cas des séries entières doubles est différent. Je vais notamment prouver que:

1. Les points de divergence de la série  situés sur la partie de (F) ne peuvent pas être isolés dans l’ensemble (F). (8)

En effet, supposons que la série

μ,νaμνxμyν, (1)

diverge au point (x0y0) situé sur la partie (8) de (F) et que ce point soit isolé par rapport à (F). Il existe donc un voisinage

|y y0| < δ (9)

tel que la série (1) converge en chaque point (x0y0), où yy0 appartient à ce voisinage. Or, chaque voisinage forme un ensemble d’unicité donc toutes les lignes μ=0aμνxμ, ν = 0,1,2, de la série (1) convergent, d’après notre théorème, au point x0.

Soit y’ un point du voisinage (9) tel qu’on ait |y| > |y0|; la série (1) converge au point (x0y) et ses lignes convergent au point x0 donc, d’après un théorème de M. Hartogs (Dissert. p. 22.), la série (1) converge en chaque point (x0y0)|y < |y| et, par suite, elle converge au point (x0y0) contrairement à l’hypothèse. La proposition est donc démontrée.

Cette propriété des points de divergence semble être surprenante parce que les points de convergence se comportent autrement. Je vais donner l’exemple suivant:

2. Exemple d’une série double ayant sur la partie (8) de (F) un point de convergence isolé dans l’ensemble (F).

Soient

aμxμ, bνyν (10)

deux séries simples dont le rayon de convergence est = 1. Supposons que la première d’elles diverge partout sur la circonférence |x| = 1 mais de sorte que les sommes partielles

sμ(x) = i=0μa ixi,μ = 0,1,2,

soient bornées au point x = 1 et non bornées en tous les autres points de la circonférence |x| = 1. (L’existence d’une telle série résulte des recherches de M. Neder: Dissert. Gôttingen (1919).)

La seconde des séries (10) peut être quelconque pourvu qu’elle s’annule au point y = 1 2 sans s’annuler ailleurs.

Cela posé, considérons la série double suivante

μ,νaμνxμyν = a 0b0 + a1b0x + a2b0x2 + + a0b1y + a1b1xy + a2b1x2y + + a0b2y2 + a 1b2xy2 + a 2b2x2y2 + +

où l’on a

aμν = aμbν.

Les sommes partielles de cette série ont la forme suivante

sμν(xy) =( i=0μa ixi)( j=0νb jyj) (11)

donc les équations (6) et (8) de la frontière (F) de notre série sont

|y| = 1,0 |x| 1 (6) |x| = 1,0 |y| 1, (7)

d’où l’on voit que le point (x,y) = (1, 1 2) est situé sur la partie (7) de (F). Or, en vertu des hypothèses faites sur les séries (10), la suite double (11) converge au point (1, 1 2) et diverge en tous les autres points de la partie (7) de (F), donc le point de convergence (1, 1 2) est isolé dans (F).

Ajoutons qu’il est probable que la proposition 1 démontrée pour les points situés sur la partie (7) de (F) peut être étendue aux autres points de divergence situés sur (F), mais la démonstration de ce fait semble être beaucoup plus difficile.

Streszczenie. Celem tego referatu jest dowód podanego niżej twierdzenia i zastosowanie tego twierdzenia do pewnej własności brzegu obszaru bezwzględnej zbieżności szeregów potęgowych podwójnych.

Nazwijmy zbiorem jednoznaczności każdy zbiór (E) punktów płaszczyzny mający tę własność że, gdy dwa szeregi potęgowe pojedyńcze aνxν i bνxν są zbieżne w każdym punkcie zbioru (E), to szeregi te są identyczne.

Twierdzenie: Jeśli szereg potęgowy podwójny

μ,ν=0a μνxμyν (1)

jest zbieżny w punktach (x0,y), gdzie x0 jest stałe zaś y przebiega pewien zbiór jednoznaczności (E), to wszystkie wiersze μ=0aμνx0μ, ν = 0,1,2, szeregu (1) są zbieżne.

Brzeg (F) obszaru bezwzględnej zbieżności szeregu potęgowego (1) można, jak wiadomo, przedstawić dwoma równaniami postaci

|y| = φ(|x|),gdzie 0 |x| R (2) |x| = R,0 |y| < φ(R), (3)

z których pierwsze przedstawia na płaszczyźnie dwóch zmiennych rzeczywistych |x| i |y| krzywą ciągłą i nierosnącą, drugie zaś przedstawia prostą, równoległą do osi |y|. Z pomocą poprzedniego twierdzenia można dowieść, że:

Punkty rozbieżności szeregu (1), leżące na części (3) brzegu (F) nie mogą być izolowane w zbiorze punktów brzegu (F).

Być może, że własność ta daje się rozszerzyć na punkty rozbieżności, leżące na części (2) brzegu (F), dowodu na to jednak podać nie umiem. Dodaję jeszcze, że punkty zbieżności szeregu (1) leżące na brzegu (F) nie posiadają powyższej własności; można łatwo podać przykład takiego szeregu (1), który jest zbieżny w jednym tylko punkcie, leżącym na brzegu (F), a rozbieżny we wszystkich innych punktach tego brzegu.